Analyse temporelle d’une nouvelle de Daniel Boulanger : Le Secret (UAA6)

1) Travail individuel

  • Organiser chronologiquement le récit
  • Relever les temps et modes utilisés et en expliciter les valeurs (temps et aspects)
  • Quel est le secret ?

 

2) Organisation chronologique

Naissance du narrateur : père = 63 ans ; mère = 48 ans ; comtesse de F…  = un peu plus jeune que le père

Enfance : messes avec son père + croise régulièrement la comtesse de F. + malaise et tristesse du père

14 ans : maladie du père + dernière messe + envoyé en pension

Vacances : disputes au sujet de la comtesse de F…

Entrée en Faculté : mort du père — sa mère le rejoint à Paris

26 ans : service militaire — mort de la mère

« Longtemps après les deuils » : découverte de la photo de la comtesse de F… – le narrateur fait le lien avec celle qu’il croisait durant son enfance et les réactions de son père quand ils la croisaient

Fin de la jeunesse

Moment de la narration : le narrateur, qui habite toujours l’appartement de Paris, soupçonne les raisons pour lesquelles il a été envoyé en pension.

 

3) Temps utilisés et valeurs de ces temps

L’imparfait et le passé simple sont principalement utilisés. Ce sont les temps les plus courants des récits littéraires quand la narration a lieu après les événements racontés.

Les imparfaits ont généralement deux valeurs possibles :

  • des actions passées présentées inachevées (inaccomplies), comme étant en train de se réaliser. C’est le temps de la description.
  • des actions passées répétées, habituelles.

Les passés simples expriment des actions passées présentées comme achevées (accomplies) et se succédant.

Le plus-que-parfait est un « passé du passé ». Il exprime une action antérieure à une autre action passée.

Le présent exprime généralement une action simultanée au moment de la narration. Il intervient aussi dans les dialogues rapportés en style direct.

Il y a dans le récit un passé composé, à la ligne 10. Normalement, le passé composé est utilisé dans le langage parlé pour exprimer une action passée présentée comme achevée. Il n’est pas utilisé dans les récits littéraires (le passé simple le remplace). Quand il est utilisé, il peut exprimer une action passée présentée comme accomplie ayant encore une répercussion au moment où le récit est raconté (sur le moment de la narration).

Quelques futurs simples, à la fin du récit, expriment des actions postérieures au moment de la narration.

Étonnant :

Le narrateur, à deux endroits, ne traite pas son père et sa mère avec les mêmes temps.

À la ligne 10 la mère « a toujours cru (passé composé) en Dieu, pas aux prêtres » alors que le père « gardait (imparfait) seul le respect des pompes et de l’Église ».

Aux lignes 26 et suivantes, le narrateur décrit sa mère en utilisant le présent alors qu’il décrit son père en utilisant l’imparfait.

Il rejette donc grammaticalement son père dans le passé alors que sa mère, décédée pourtant depuis bien longtemps, vit en quelque sorte davantage dans son présent.

4) Le Secret

Il porte sur la nature des relations entre le père du narrateur et de la comtesse de F… C’est un secret de famille qui reste… secret pour le narrateur. Il ne nous dit rien de ce qu’il soupçonne.

À nous donc d’émettre des hypothèses plausibles qui se basent sur des éléments factuels du récit et qui n’en contredisent pas.

Un lien amoureux est plausible. La mère ne l’évoque-t-elle pas à travers la métaphore classique du « feu » (et des cendres) ? Le narrateur en évoquant la faveur que l’on nouait au pommeau de la canne ne le suggère-t-il pas ?

En revanche, la comtesse ne peut être la mère du narrateur : elle a environ 60 ans à sa naissance.

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