Défi n° 1
Dans une salle du parlement de l’Union Européenne, se retrouvent cent femmes et hommes politiques. Au moins un ou une est honnête, au moins une ou un est malhonnête.
À chaque fois que l’on en prend deux au hasard, au moins un ou une est honnête.
Question : combien y a-t-il, au total, d’hommes et/ou de femmes politiques honnêtes dans la salle ?
Réponse :
99
S’il y en a 98, une des combinaisons de deux membres du groupe ne donnera aucun honnête homme ou femme politique.
À noter que s’ils étaient 200, la réponse serait 199 et que s’ils étaient un million (la salle n’aurait pas de modestes dimensions), la réponse serait 999 999.
Notre logique manichéenne voudra que bien et mal soient de force égale donc équilibrée, mais il est d’autres logiques : par exemple celle où si le mal ne peut excéder le bien, le bien ne peut qu’excéder le mal – – lequel mal est inutile au bien (le mal est donc superflu) alors que le mal a besoin du bien (le bien est donc nécessaire) pour être le mal en cherchant vainement à anéantir le bien.
Saint Paul, sans doute l’un des plus profonds génies inaboutis de l’humanité, a développé ces derniers points en les résumant dans une célèbre formule au chapitre 5 de l’Épître aux Romains : « mais là ou le péché abondait, la grâce a surabondé » – Dans la King James : « but where sin abounded, grace did much more abound. »).
Défi n° 2
Vous êtes fraichement mort et vous êtes aux portes du paradis et de l’enfer. Devant vous, deux portes : aucune indication ne permet de savoir laquelle mène au paradis et laquelle mène à l’enfer.
Devant chacune des portes se trouve un gardien qui empêche tout retour une fois la porte franchie, mais qui sait où mène chacune des portes. L’un dit toujours la vérité, l’autre ment toujours, mais vous ignorez lequel dit toujours vrai et lequel dit toujours faux.
Vous pouvez interroger un et un seul gardien… une seule fois… avec une seule question. Il répondra « oui » ou « non ».
Que poserez-vous comme question unique à un et un seul des gardiens pour être sûr de savoir quelle porte mène en enfer ?
Réponse :
Une question à poser qui offre pareille certitude est :
Que répondra l’autre gardien si je lui demande si cette porte mène à l’enfer ?
La réponse sera nécessairement fausse puisque – multiplié par + = – = + multiplié par –.
Si j’interroge le gardien qui dit la vérité, il me donnera honnêtement la fausse réponse que donnerait l’autre gardien.
Si j’interroge le gardien qui dit toujours un mensonge, il déformera la réponse vraie de l’autre en me donnant une réponse fausse.
Dans tous les cas, il me suffira d’inverser la réponse reçue pour connaître la vérité au sujet de la porte en question, ce qui me permettra du même coup, par opposition, de connaître la vérité au sujet de l’autre porte.
Ensuite, je choisirai d’aller en enfer ou au paradis, selon mon désir profond ou superficiel, si du moins la décision du choix me revient (ce qui se déduit de la thèse catholique qui tient que Dieu a doté l’être humain d’un libre arbitre à ce sujet : certes, en l’assistant de Sa grâce, mais en lui donnant gratuitement, gracieusement, de pouvoir mériter son salut, donc de librement choisir ou la mort ou la vie).
Ainsi qu’il est écrit au chapitre 30 du Livre du Deutéronome : « Vois, je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bien, la mort et le mal. » Dans la King James : « See, I have set before thee this day life and good, and death and evil. »
Défi n° 3
Que trouve-t-on entre ciel et terre ?
Réponse :
Le mot « et ».
Cela nous indique notamment que Dieu crée un monde uni et non divisé : la terre et le ciel… plus profondément se profilerait, si l’on suit l’interprétation chrétienne, l’union prévue par Dieu entre l’être humain (créé sur terre) et Dieu (Père incréé qui est aux cieux au-delà des cieux). Mais cette ultime perspective dépasse le monde, la création : elle la/le « transcende », disent les théologiens.
En hébreu, au tout début de la Bible, deux mots et un segment linguistique attaché séparent les « cieux » de la « terre » : le mot « we » ( = et), le mot « èt » (le « t » est prononcé – c’est une mot non signifiant qui précède et indique un complément d’objet direct) et le segment attaché au nom « ha » ( = la).
Il n’existe donc pas qu’un « ciel » alors que n’existe qu’une « terre ».
Comme les cieux, la terre est « objet » de l’action divine.
בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ
(à lire de droite à gauche en dents de scie : consonnes au-dessus, points/tirets-voyelles en dessous)
« Beréshit bara Elohim èt hashamayim we èt haarèts. »
« Beréshit (au commencement) bara (créa) Elohim (Dieu) èt ha(les)shamayim (cieux) we (et) èt ha(la)arètz (terre). »
« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. »
Défi n° 4
Un crocodile emporte un bébé. Sa mère se précipite et arrête l’animal au bord du fleuve : c’est son fils unique et elle vient d’être ménopausée.
Ce dernier lui dit : Vieille femme, si tu parviens à prédire la première chose que je vais faire à l’enfant, je te le rendrai aussitôt vivant sinon je le dévore illico.
Que lui répondra la femme pour récupérer son enfant ?
Réponse :
Elle lui prédira “tu vas le manger”.
Et le cerveau du crocodile sera non loin de l’explosion, pris qu’il sera dans un paradoxe insoutenable : s’il s’apprête à le manger, la mère aura correctement prédit, donc il faut immédiatement le rendre. Mais la mère n’aura pas prédit l’action exacte (le rendre)… donc il faut le immédiatement manger… Mais alors il faut le rendre immédiatement… et ainsi sans fin…
Le crocodile perturbé (qui avait, bien entendu, déposé le bébé au sol pour s’adresser à la femme) pourra reprendre ses esprits et se dire qu’il peut aussi noyer ou écraser le bébé sans le dévorer : donc en priver la mère selon une basse logique de vengeance…
Mais d’une part, la mère aura sans doute eu le temps de prendre l’enfant et de s’enfuir et quand bien même, d’autre part, il ne pourra ou bien le rendre vivant illico ou bien le dévorer illico comme il l’avait promis…
… puisque s’il le rend vivant, c’est qu’il va le dévorer et que s’il le va le dévorer, il lui faut le rendre vivant avant de le dévorer…
Fatal paradoxe qui lui explosera définitivement le cerveau.
Subtilement, un groupe d’élèves a proposé la solution charitable suivante (elle préserve le cerveau du crocodile, père ou mère de famille, lui/elle aussi) : tu vas le toucher.
Défi n° 5
Qu’est-ce qui est gros comme un gros pamplemousse et dans lequel on peut mettre toute l’eau de la terre ?
Réponse :
Une passoire, bien évidemment.
Par exemple une passoire de pastafarien.
Georges Google ou le bruyant Charles Gpt vous donneront tous les éclairages voulus sur le pastafarisme, alternative subtile à la théologie de la Création développée ici et là dans les commentaires donnés aux solutions des énigmes.
Le pastafarien, à ma connaissance, n’a pas nécessairement conscience de son lien avec l’arien qui, disciple d’Arius, professe l’arianisme, c’est-à-dire le refus de l’union entre Dieu en l’être humain en Jésus-Christ (perspective évoquée dans un commentaire ci-dessus, perspective qui contemple Dieu qui « assume » l’humanité).
Je m’arrête là, même si, comme le disait ma grand-mère dans son Wallon de l’entre Sambre et Meuse : One grègne n’est jamais si plîne qu’on n’y sai ko mète one djaube.
Et comme le dit un koan…
Quand j’éteins la lumière, où va-t-elle ?