UAA6 : relation de la résonance intérieure d’un haïku – extraits des travaux d’élèves

Avec de jeunes feuilles
J’aimerais essuyer
Vos gouttes de larmes

          Matsuo Basho

1. Elle sait que la feuille n’est pas tombée par hasard (…) Un rayon de soleil se pose sur sa joue et elle sait que c’est encore une fois un signe de renouveau, le printemps est là. Cette saison où, après toutes ces douleurs et ce froid de l’hiver, tout commence à aller mieux.
2. Je trouve ce haïku très doux… le fait d’essuyer les larmes avec de jeunes feuilles. Ça me fait penser qu’il peut pleuvoir à n’importe quelle saison et je dirais même, d’une autre manière, qu’il n’y a pas de moment pour être triste et donc pleurer.
3. Le message renvoyé par ce haïku est peut-être aussi destiné aux lecteurs qui souffrent intérieurement et qui vivent dans le noir, de se dire que la lumière, le soleil, vont éclairer leur vie et qu’ils vont se sentir mieux.
4. Les jeunes feuilles ne sont sûrement pas les pages d’un livre, mais pour moi, ce sont les pages d’un nouveau chapitre qui vont essuyer les larmes, et donc aider à aller mieux.
5. J’imagine une personne pleurer, une personne que j’aime et moi qui irais la réconforter. Ou même, moi petite en train de pleurer et moi du présent qui aimerais pouvoir dire à moi du passé que tout ira bien. Les jeunes feuilles représentent pour moi le côté calme et réconfortant de la nature.

Automne l’obscurité
Descends sur cette route
Je voyage seul

           Matsuo Basho

1. Mais on n’a pas le choix, il faut continuer à marcher. « Je voyage seul » : on vit une vie triste dans laquelle, si on fait confiance, ils nous trahissent, donc on ne peut jamais dire que nous trouverons quelqu’un ou quelque chose.
2. Tout le monde est né seul et avec rien, et de la même manière, tout le monde mourra seul, sans rien et aura froid.
3. Ce haïku me fait être nostalgique, car, quand je repense à l’automne, je repense au temps, aux journées froides. De plus le deuxième côté nostalgique… car, quand j’étais petit, j’ai pu vivre un côté de solitude qui n’est pas chouette à vivre pour certaines personnes. Donc mon ressenti sur ce haïku est négatif. Dommage qu’il n’y a pas de positif.
4. C’est la rentrée des écoles, les feuilles changent de couleur, il commence à faire un peu froid, les journées deviennent courtes, la nuit tombe vite, la routine s’installe, les journées se ressemblent toutes. Les nuits commencent à devenir longues. On est vite fatigué, la nuit, les pensées prennent place et empêche de dormir.
5. Voyager seul, c’est une sensation unique où l’on se sent dans une bulle et on réfléchit à beaucoup de choses, on laisse notre esprit avoir le libre arbitre.
6. J’ai l’image d’un homme ou de quelque chose qui ressemble, une forme humanoïde toute noire qui se déplace, lourdement. Un regard vide. Des inspirations lentes et des expirations bruyantes. Elle marche sur cette route en avançant tout droit, car dévier de cette route reviendra à mourir.
7. Après, « je voyage seul » me fait ressentir la solitude, le vide qui plane en moi tout le long. Des fois, je me sens seul, mais ça peut être bénéfique pour se ressourcer ou mal.
8. « Je voyage seul », c’est un combat personnel. Je suis le seul dans cette aventure dans ma tête.
9. Je me demande si l’auteur a déjà eu à vivre cette situation-là ou, tout simplement, l’a-t-il imaginée.
10. Je suis seul dans cette forêt d’automne, dans une route qui descend dans une obscurité sans fin. Dans cette route obscure dans les bois, je me sens seul, triste, et vide. (…) mais malgré cela, je me sens bien, je n’arrive pas à éprouver une seule émotion de l’extérieur, juste le vide.
11. Avons-nous vraiment besoin des autres pour avancer ? Est-ce mieux d’avancer seul ou bien entouré ?
12. Dans le cas où il faut s’échapper de la réalité mentalement, c’est plus complexe. La phrase « descend sur cette route » peut vouloir insinuer beaucoup de choses. La route pourrait être assimilée à la vie, descendre sa route personnelle, avancer dans la vie jusqu’à ce qu’elle soit finie.
13. L’histoire d’une vie qui change.

Rien dans le cri
des cigales ne suggère qu’ils
sont sur le point de mourir

           Matsuo Basho

1. Mais pourquoi la cigale saurait-elle quand elle va mourir, mieux que quiconque. En effet, personne, ni même la cigale, ne sait quand il va mourir.
2. Ça me fait penser à un cri sans cri, et donc les cigales meurent en silence.
3. Un oiseau bleu qui ne sait plus chanter. La mort et le vide. Un arbre rempli de cigales jaunes. Un muet. Une cigale seule au monde.
4. Elles naissent, crient l’espace, le temps de quelques minutes, et meurent ensuite. (…) Ces cris étaient un moyen de faire la fête pour célébrer leur courte vie. Tant de questions sans réponse : c’est ça la vie.
5. L’insonorité du cri des cigales signifie l’arrêt de tout effort.

aube grise
le café allume
son brouillard

           André Cayrel

1. Si je vivais dans ce haïku, je dirais que je m’y sens bien, que c’est « cocooning ».
2. Ce haïku m’amène subitement à une image. Celle d’un soir complètement noir, d’un été indien, dans une ville, là où le brouillard aurait pris place pour la recouvrir entièrement. Il serait 3 ou 4 heures du matin, et même à cette heure tardive, il resterait un café à l’angle d’une rue, toujours ouvert, et un homme ou une femme, peu importe, se tiendrait devant, prêt(e) à rentrer, mais hésitant(e).
3. Une source de chaleur dans ce froid intense, une chaleur dérangeant le froid.

À l’aube scintillent
Les glaçons synthétiques
Sur l’arbre de Noël

           André Duhaime

1. Je l’ai choisi, car j’adore Noël, ça me provoque de la joie. (…) Je n’arrive pas à imaginer des glaçons dans un arbre de Noël, mais l’idée est originale. Je trouve ce haïku très doux, le fait que l’aube scintille, je m’imagine dans cette ambiance apaisante.
2. En lisant ce haïku, je ressens beaucoup de joie et également un peu de tristesse, car la saison se finit bientôt.


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